Pollution tolérée par les autorités
En raison d'importations élevées de fourrage et d'un trop grand nombre d'animaux, l'agriculture suisse émet presque deux fois plus d'ammoniac provenant du lisier et du fumier que ce qui est autorisé. Cela nuit gravement à l'environnement et coûte des centaines de millions de francs par an au contribuable. C'est ce que rapporte l'émission de la SRF "10vor10".

Au lieu de s'attaquer aux problèmes à la racine et d'éliminer les mauvaises incitations, la politique n'a jusqu'à présent réagi qu'en proposant des contre-incitations à coups de millions - mais avec peu de succès, comme le montre SRF dans le DOK "Pollution tolérée par les autorités".
Le film met en évidence des liens importants, mais présente de manière incomplète la situation de départ actuelle en ce qui concerne le canton de Lucerne.
D'un point de vue scientifique et sociétal, il est clair que le nombre d'animaux doit être ramené d'urgence à un niveau adapté aux conditions locales. C'est la seule façon de préserver les bases de notre existence. Concrètement, cela signifie pour le canton de Lucerne que les prairies doivent être davantage utilisées pour les ruminants et que le nombre de porcs et de poulets doit être réduit. Cela nécessite des changements dans le système alimentaire et c'est ce qu'a décidé le Grand Conseil lucernois en mars 2022. La réduction du nombre d'animaux a été décidée comme mesure découlant du rapport sur le climat (https://klima.lu.ch/Klimapolitik_Kanton_Luzern/Planungsbericht_Klima_und_Energie). Cela avait une bonne majorité au Parlement et était soutenu par tous les partis, sauf l'UDC.
En outre, les Cultures spéciales offensives et le Plan d'action pour l'agriculture biologique a été lancé. Dans le canton de Lucerne en particulier, il faut beaucoup de volonté pour changer le système actuel. Cette volonté est perceptible au moins chez une partie de la branche et le canton a posé des jalons importants. D'autres étapes seront toutefois nécessaires. Pour cela, il faut offrir des perspectives aux agriculteurs afin qu'ils puissent quitter les branches de leur exploitation actuelle. Il s'agit d'une tâche difficile, car les investissements ont été élevés, ce qui entraîne parfois un endettement important des exploitations. La valeur ajoutée est élevée dans les clusters d'engraissement de porcs et de poulets. Mais pour que les efforts du canton de Lucerne et les investissements de l'argent des contribuables pour des mesures climatiques dans l'agriculture soient couronnés de succès, il faut aussi une politique agricole nationale cohérente. Et celle-ci fait pour l'instant presque totalement défaut.
En ce qui concerne le Baldeggersee, la situation est encore un peu plus complexe que celle présentée dans le SRF Dok. Les apports de phosphore ont certes diminué dans les environs immédiats, mais ils sont parfois encore trop élevés dans les zones d'afflux plus éloignées. De plus, les températures plus élevées de l'eau (réchauffement climatique) donnent du fil à retordre au lac, ce qui se traduit notamment par la formation d'algues. Il faut donc prendre de nombreuses mesures pour protéger les précieux lacs du Plateau, afin qu'ils soient préservés pour les générations futures. Il est peut-être encore possible de développer autour des lacs dignes de protection des projets qui abordent concrètement les conflits d'objectifs. Un exemple encourageant est le projet des 3 lacs près du Grand Marais dans le Seeland bernois. L'agriculture a tout intérêt à ce que ses bases de production soient préservées. Pour atteindre ces objectifs, la protection de l'environnement et la production agricole doivent travailler main dans la main. Ce documentaire de la SRF vise plutôt le scandale et les vieilles guerres de tranchées. Ce n'est pas ainsi que nous parviendrons à résoudre les grands défis.