L'agriculture suisse ne peut et ne doit pas être compétitive !
La Haute école de Saint-Gall (HSG) a étudié la protection douanière pour les légumes et les fruits. Selon l'étude, les ménages à faible revenu sont trop fortement pénalisés par les prix de vente exigés pour les légumes suisses. L'agriculture suisse n'est pas compétitive, critiquent les chercheurs.

L'agriculture suisse ne peut pas - et ne doit pas - être compétitive au niveau international. Dans la Constitution fédérale (article Cst. 104), les tâches de l'agriculture envers la population suisse sont clairement décrites. Si l'agriculture était soumise aux forces du marché, la production de denrées alimentaires ne serait rentable que dans les régions les mieux situées de Suisse. Dans les autres régions, la production indigène ne serait pas compétitive sur le marché mondial. Dans le libre jeu des forces du marché, d'importantes prestations d'intérêt général, pour lesquelles il n'existe pas de marché privé, ne seraient plus fournies. Il s'agit notamment de la sécurité de l'approvisionnement en denrées alimentaires de haute qualité produites localement, du bien-être des animaux ou de la qualité élevée du paysage. Cette diversité de prestations multifonctionnelles est extrêmement importante pour la population suisse. Dans les pays industrialisés, qui ne proposent pas d'incitations à fournir de telles prestations, le mode de production agricole est beaucoup trop intensif dans les zones favorables, tandis que les zones difficiles à exploiter ne sont plus du tout exploitées. D'une part, le potentiel de production agricole de demain s'en trouve irrémédiablement réduit ; d'autre part, la qualité de vie, l'économie et les finances publiques sont directement et indirectement affectées par les coûts induits.
Les droits de douane et les restrictions commerciales visant à protéger l'agriculture sont en principe justifiés, car un libre-échange agricole met en péril l'existence de l'agriculture non seulement en Suisse, mais aussi dans d'autres pays. Ainsi, par exemple, l'Union européenne prélève Droits agricoles pour protéger le niveau des prix des produits agricoles, et les consommateurs de l'UE paient eux aussi des prix plus élevés pour les produits en raison des droits de douane destinés à protéger la production nationale. Vouloir mener une politique sociale par le biais des prix des produits agricoles est totalement absurde. On oppose ainsi les besoins de deux groupes de population - ceux de la population à faible revenu et ceux des personnes travaillant dans l'agriculture. De telles exigences ne sont pas seulement antisociales, elles mettent également en danger la cohabitation au sein de la population.
Emission 10 vor 10 sur SRF, où l'étude est présentée
Université de Saint-Gall, Discussion Paper - Agricultural Protectionism