Crise du coronavirus : produire moins augmente la sécurité d'approvisionnement
Nombreux sont ceux qui tentent actuellement de tirer profit de la crise de Corona. L'Union suisse des paysans (USP) profite elle aussi de la situation actuelle. Elle veut torpiller les efforts de la Confédération pour promouvoir une agriculture au moins un peu plus écologique avec la politique agricole 2022+, comme le montre la NZZ. Son argumentation : en temps de crise, nous aurions besoin d'une production nationale aussi élevée que possible, et ce même au détriment de l'écologie. C'est pourtant le contraire qui est vrai.

Aujourd'hui déjà, l'agriculture suisse produit de manière beaucoup trop intensive et extrêmement inefficace. Par exemple, pour produire une calorie alimentaire, elle importe 2 calories de pétrole de l'étranger. De plus, elle consomme des quantités énormes de fourrage, d'engrais, de pesticides, etc. C'est le contraire d'une agriculture productrice. À l'avenir, nous devrons produire moins, mais de manière plus durable et davantage à partir de notre propre sol. Moins, c'est plus. Les rendements excessifs actuels ne rendent pas seulement notre agriculture extrêmement dépendante de l'étranger. Ils endommagent en outre le sol, l'écosystème et la biodiversité de manière irréversible. Nous ne pouvons extraire de tels rendements des sols et des animaux qu'au détriment des générations futures. Une agriculture durable est indispensable à la sécurité alimentaire. Elle n'est toutefois possible qu'avec des rendements inférieurs de 10 à 15% au niveau de production excessif actuel en Suisse. Mais ce n'est pas pour cela que nous devons importer davantage de l'étranger. Rien qu'en réduisant le gaspillage alimentaire, nous pouvons augmenter le taux d'auto-approvisionnement de 20% à court terme et largement compenser la légère réduction des rendements, inévitable d'un point de vue écologique. Nous pourrions en faire autant si, par exemple, nous renoncions enfin à nourrir les animaux avec les énormes quantités de concentrés utilisés dans la production laitière. Car 90% des calories sont ainsi détruites - pour produire des excédents sur le marché du lait. C'est une catastrophe à laquelle l'USP a refusé de s'attaquer jusqu'à présent, car elle ne veut pas se mettre à dos l'industrie du fourrage. Car elle gagne des milliards chaque année. Rien qu'en Suisse, les calories détruites dans la production laitière permettraient de nourrir un cinquième de la population suisse. Ce ne sont que deux exemples qui montrent ce qu'il faut réellement faire, avec ou sans crise coronarienne : remédier à l'extrême inefficacité du système alimentaire suisse au lieu de produire encore plus et donc de manière encore plus inefficace. Des études de Vision Landwirtschaft ont montré qu'avec des mesures d'amélioration de l'efficacité réalisables à court et moyen terme, la Suisse peut encore se nourrir elle-même aujourd'hui, et ce avec une utilisation beaucoup plus durable des terres. C'est pourquoi il est nécessaire d'écologiser et d'améliorer l'efficacité de l'agriculture et de l'industrie alimentaire suisses. Il y a une marge de progression énorme qui est restée inexploitée jusqu'à présent. Nous ne pouvons plus nous le permettre.