30 ans de paiements directs. Le secteur agroalimentaire est-il sur la bonne voie ?
Dans son dernier rapport agricole 2023, l'Office fédéral de l'agriculture dresse le bilan de 30 ans de paiements directs - succès et défis. Le rapport agricole montre que le taux d'auto-approvisionnement a continué à baisser, que la culture du soja a en revanche augmenté en Suisse et que les Suisses préfèrent les produits animaux provenant de Suisse.
L'OFAG conclut que le système des paiements directs a atteint ses limites. (https://www.admin.ch/gov/de/start/dokumentation/medienmitteilungen.msg-id-98755.html)
Vision Landwirtschaft tire d'autres conclusions des chiffres actuels : Le système des paiements directs a notamment échoué dans le domaine des objectifs environnementaux. Le bilan de l'azote et du phosphore est toujours déséquilibré et les émissions d'ammoniac augmentent à nouveau et sont loin d'atteindre les valeurs cibles. Les émissions d'ammoniac devraient à elles seules être réduites de 40%. L'objectif environnemental de réduire de 50 % les apports d'azote agricole dans les eaux par rapport à 1985 n'a pas non plus été atteint. Les émissions de gaz à effet de serre et les besoins en énergie en général sont même à nouveau en hausse, bien qu'une réduction soit urgente.
L'objectif serait
- Une agriculture qui produit des aliments sains et qui respecte les limites des écosystèmes, de sorte que notre eau potable, nos sols, notre biodiversité et notre climat restent intacts.
- Une agriculture qui laisse à la prochaine génération d'agriculteurs des bases de production permettant de développer un système alimentaire résistant et productif.
Ces dernières semaines, non seulement la Confédération, mais aussi certaines organisations agricoles ont souligné à maintes reprises que le système des paiements directs était devenu trop complexe, et les agriculteurs ont critiqué la charge de travail administratif qu'ils doivent assumer. Face à la jungle des paragraphes de loi et des ordonnances, non seulement les cantons dans l'exécution et les agriculteurs dans la mise en œuvre ont perdu la vue d'ensemble, mais aussi les parlementaires qui doivent décider de la politique agricole à venir.
Il est grand temps de faire le point et de réorienter de manière conséquente aussi bien le système des paiements directs que l'ensemble de la politique agricole. Les premières informations concernant la PA30+ nous rendent confiants quant à la réussite de ce changement vers une politique alimentaire globale.
Il faut toutefois que l'ensemble de la chaîne de création de valeur, tous les offices fédéraux concernés et les représentants élus du peuple s'engagent clairement à soutenir ce changement important.
Cette transformation ne sera pas possible sans des progrès significatifs en matière de vérité des coûts, c'est-à-dire d'intégration des coûts environnementaux, sociaux et sanitaires dans les prix du marché des denrées alimentaires. Il est donc impératif que la Confédération prenne au sérieux, dans ce domaine, la prémisse du principe du pollueur-payeur dans tous les instruments de la politique agricole et alimentaire.